Matin de Printemps








 
 
 




Matin de printemps                     
 
 
                                                                                   le 4 février 2016

Chaque jour je fais ma petite promenade en bord de mer. Quand le temps est beau je m’arrête un peu et me pose sur un banc pour contempler le spectacle des vagues, paysage sans cesse renouvelé au pouvoir quasi hypnotique.
 
Ce matin, sous le banc, j’ai trouvé un trésor : une lettre dans son enveloppe sans mention de destinataire ni d’expéditeur. Un vrai régal pour une fouineuse comme moi ! Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps et vous livre le contenu de cette missive dans son jus !
 
« Pauvre con ! » ( ça commence fort, je me pourlèche et m’installe confortablement calée au dossier)
« Tu crois peut être m’impressionner mais tu ne me fais pas peur et c’est pas l’attirail que tu as planqué à la cave qui va me faire trembler » (ouah, ça craint je commence à regarder autour de moi : rien ni personne, je continue donc)
« La première fois, j’ai rien dit et j’ai essayé de croire à ton histoire d’accident, la deuxième fois c’était limite mais là tu dépasses les bornes et je te fais grâce de tes explications. Je connais par cœur tes mimiques, tes boniments et tes menaces. » ( moi par contre je ne connais rien...et je continue donc pour savoir !)
« Je reprends mes billes, mes valises sont faites. Je pars sans regrets et même avec un certain plaisir. Tu constateras que je te laisse la maison et surtout ce sinistre jardin dont je ne veux plus entendre parler....Pour le cas où te viendrais l’idée de représailles je te préviens que j’ai laissé le récit de tes exploits chez des personnes dignes de foi ! Bon vent et au plaisir de ne plus jamais entendre parler de toi.
PS : je prends la voiture, c’est bien la moindre des choses et la carte grise est à mon nom »
 
Alors là c’est trop fort : on nous laisse en plan, c’est quoi ça cette histoire de cave, de menaces et de jardin... ? Vous pensez à la même chose que moi, hein ? Bon maintenant je fais quoi, moi, sur mon banc ? Je regarde furtivement autour de moi, remets, en essayant de pas trop trembler, la lettre dans son enveloppe et, mine de rien, la laisse glisser sous le banc : retour à la case départ !
 
Après, calmement, enfin j’espère, je rentre chez moi espérant  ne pas être suivie. Je vous jure qu’il y en a qui ont le chic pour vous gâcher une belle matinée de printemps....
 
 
 

A.LEMAITRE

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