Romance douce- amère
Romance douce- amère
Ils sont arrivés, se tenant par la main ; là, s’arrête la chanson car ils étaient loin d’avoir l’air de deux chérubins..., la cinquantaine alerte et élégante ils illustraient le couple, peut être pas parfait, mais presque....Ils sont arrivés vers « mon » banc et ont pris place. Là, j’ai flairé la bonne affaire et j’ai ouvert, tout grand, mes écoutilles (il faut dire que mon plus grand plaisir c’est de regarder, écouter voire espionner autrui !)
Lui, avec un soupir las, a murmuré :
- il faut qu’on parle ça fait des jours que j’essaie mais tu as toujours quelque chose d’urgent à faire. On dirait que tu refuses de m’écouter...
Elle, butée et déjà sur la défensive :
-les enfants arrivent ce soir tu ne vas pas nous gâcher les vacances ! J’ai autre chose à faire que d’écouter tes histoires ...
- ce ne sont pas des histoires ! J’avoue que le moment est peut être mal choisi mais tu as toujours une bonne raison pour reporter cette conversation aujourd’hui c’est décidé je vais parler !
Ouf, il s’était lancé !et j’ai senti que rien ne l’arrêterait ; j’ai affiché mon sourire béat, fermé les yeux offrant mon visage aux premiers rayons du soleil printanier, j’étais tout ouïe !
-j’y ai beaucoup réfléchi, on ne peut pas continuer comme ça. Tu sais que je ne veux pas te faire de peine mais vraiment il n’y a plus rien entre nous. Prudent, il ajoute -sauf bien sûr une grande complicité et beaucoup d’estime. Je ne vois qu’une solution : il faut se séparer et le plus tôt sera le mieux...
Ouah! Je jubilais ! (intérieurement bien sur extérieurement j’étais de marbre!)
Il y a eu ensuite un moment de silence et moi j’ai « entendu » tout ce qu’elle pensait :
« pauvre imbécile, elle a trente ans tu en as cinquante ,elle n’a pas d’argent et toi, un peu grâce à moi quand même, tu as une bonne situation, elle veut un enfant, une garantie pour l’avenir (on ne sait jamais) et toi fou amoureux tu vas tout accepter y compris les pleurs du bébé pour te retrouver dans quelques années à te demander ce que tu fais là avec cette nana qui ne te supportera plus (ton âge, tes manies, ton côté pantouflard et tout le reste..). »
J’ai fait un pathétique effort de télépathie pour lui crier ma sympathie, mais en vain! encore que...en écoutant la réponse ....
-Bon, c’est d’accord ! Une seule chose : pour l’instant tu laisses les enfants en dehors de tout ça. Après les vacances tu t’occupes de toutes les formalités et n’essaie pas de m’arnaquer, je sais veiller sur mes intérêts. N’oublie pas, je connais tout du fonctionnement de l’entreprise...
Il y avait comme une menace dans son chuchotement...
Bien joué ! Involontairement j’ai souri et Monsieur hors de lui me fait :
-ça vous intéresse ?
-Enormément ! je réponds avec aplomb, je regarde sa femme et lui souris.
Il se lève; elle comme à regret le suit.
Je les regarde s’éloigner. Par habitude il lui a repris la main...
Sans mise en scène cette fois je me cale contre le dossier du banc et avec un soupir d’aise et je m’expose à nouveau aux doux rayons du soleil. Que du bonheur !
Annie Lemaitre
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